Cet extrait du registre de l’Harmonie de Bourg de Péage, adressé aux élus Péageois afin de solliciter leur aide pour l’achat d’instruments de musique, dénote bien l’état d’esprit qui habitait les musiciens fondateurs de notre harmonie lorsque le premier octobre 1865 , ils « établirent une société musicale qui sera dénommée Sainte Cécile » . A cette époque l’industrialisation et le progrès sont en marche et avec eux le développement de l’enseignement y compris l’enseignement musical et la connaissance des techniques et des arts. Ce désir de vouloir apporter leur concours à l’exécution d’œuvres musicales auprès de leurs concitoyens, la solidarité et l’amitié des musiciens composant notre formation, sont des valeurs qui sont toujours de mise dans notre société.

Le premier Président de la Fanfare Sainte Cécile sera Monsieur François Revol et le premier Chef d’Orchestre sera un musicien du régiment d’artillerie de Valence Monsieur Bardet. Bien d’autres leurs succèderont jusqu’à nos jours.

Au cours de ces  150 ans, la Fanfare qui se transformera en Harmonie en 1978 a traversé l’Histoire de notre Pays. De la guerre de 1870 où nous intègrerons la garde Nationale suivra la première guerre mondiale où de nombreux musiciens périront et où l’harmonie devra mettre en sommeil ses activités. Pendant la seconde guerre mondiale, la Fanfare malgré l’absence ou la perte de musiciens, s’efforcera d’apporter son concours  à des spectacles de soutien aux prisonniers ou aux victimes du conflit souvent avec la participation d’autres associations Péageoises.

Ces périodes sombres, ne feront pas oublier tous les heureux évènements auxquels nous avons participé. Des concerts des années folles aux plus récents, les bals, les soirées et bien sûr toutes les manifestations officielles ou festives, les nombreux concours où l’harmonie se distinguera. Le premier aura lieu en 1866 à Romans où la Fanfare de Bourg de Péage obtiendra une médaille d’Argent en interprétant une tyrolienne de Bethy et une Fantaisie sur le Pré aux Clercs. Suivront un triomphe à Bourg (1909) où nous obtiendrons le premier prix de lecture à vue, le premier prix d’exécution, le premier prix d’honneur et un diplôme de direction pour le  directeur musical Monsieur Chabert ;jusqu’au tout dernier triomphe  à Veauc  où nous accèderons en division supérieure.

L’Histoire de l’harmonie, ce sont  aussi des rencontres avec d’autres musiciens, des amitiés, des découvertes  lors de voyages vers les villes jumelées avec Bourg de Péage ou vers des Pays plus éloignés (Tunisie en 1974, Roumanie en 1977 , Arménie en 2009 ) avec ce souci de faire partager notre culture, nos richesses.

L’Histoire de l’harmonie,ce sont encore  des hommes et des femmes qui ont marqué notre société musicale, notre ville, qu’ils aient été *directeurs  musicaux comme Messieurs Payonne, Chabert, Bouvier, Guillemot, Voisinet, Sengissen, Peter, Roux,  Fromin, et bien sur notre chef actuel Ani Yakhinian , * Présidents tels Messieurs Revol, Poncet, Combe, Mossant, Fonet, Vignard, Julien, Pinet, Festez, Simard, Boulet et depuis 1998  Jean-Claude Roche , * ou simple musicien.

Les sociétés musicales sont parmi les plus anciennes associations Françaises, mais rares sont les associations qui accueillent dans leurs rangs des gens d’horizons aussi divers :  générations différentes,   milieux socio-professionnels différents,  confessions ou  univers différents,  dans le seul but de se retrouver autour d’un objectif commun  : la magie de l’évocation d’un univers musical et son partage.

 Dans ce monde actuel où tout est fait pour diviser les générations, pour réduire l’individu à  son monde personnel, où la solidarité entre les hommes n’est plus de mise, où les droits chèrement acquis sont remis en cause, le fonctionnement de nos sociétés musicales est là pour rappeler qu’une autre voie est possible . Nous le devons à la mémoire de ceux qui nous ont précédés.

Bien sûr, les hommes ont changé, nous avons notre confort moderne, des outils de communication perfectionnés, l’accès aux informations, mais les hommes n’ont jamais été aussi seuls. Puisse nos sociétés musicales les accueillir, leurs tendre la main, leurs donner des valeurs de solidarité et de fraternité.